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Entreroches

Le Talent des Mardistes, 21 mars 2023

Nul besoin de vous présenter Eclagnens et Le Coudray. Tout le monde connaît évidemment ces deux bourgades. Pour y arriver, pas simple, il faut voyager par train, métro, bus et LEB, que certaines prenaient pour la première fois. Et pour ceux qui ne connaissent pas cette compagnie, plus communément appelée la Brouette d'Echallens, je rappelle la première et dernière strophe d'une célèbre chanson :

Sur le Lausanne-Échallens,
Tout doux, tout doux, tout doucement,
J'ai fait un voyag'  d'agrément,
Tout doux, tout doux, tout doucement !

Pour voyager rapidement,
Sur le train Lausanne-Échallens,
Partez à pied, marchez devant,
Tout doux, tout doucement !

A Eclagnens, le groupe descend vers les bords du Talent. Cette rivière au cours calme fait des méandres, comme si elle voulait retarder le moment de se mélanger aux eaux de l'Orbe. On suit un sentier non balisé, sur un sol gras. La petite forêt est sauvage, peu entretenue. Puis, sous l'ancienne fortification préhistorique de Layaz, le sentier remonte vers le Coudray, hameau de Goumoens-le-Jux.

Peu après, nous retrouvons un instant la civilisation avec l'autoroute que nous enjambons, avant d'amorcer la descente vers Eclépens. Le silence et la tranquillité sont revenus  lorsque nous traversons un pré, où au loin s'étalent plusieurs parterres de jonquilles sauvages. Ce n'était que le début, car arrivés dans le bois non loin du canal, c'est une pléthore de jonquilles sauvages qui couvre le sol. La proximité de pierres moussues et d'arbres tombés, permet à chacun de cadrer ses photos.

Nous pique-niquons dans une prairie sauvage, au bord de la clôture protégeant ce biotope. Nous sommes au-dessus des tunnels ferroviaires d'Eclépens et le trafic y est intense.

Après la pause, on atteint les restes du canal d'Entreroches, vestiges intéressants, puisqu'il avait été construit par des hollandais en 1637, pour acheminer des marchandises des Pays-Bas, alors espagnols, vers l'Espagne en évitant la France. Mais les sous manquèrent et le canal ne relia qu'Yverdon à Cossonay. Il servit jusqu'en 1829, de voie de transport pour les vins vaudois et le sel de Bex destinés à LL.EE de Berne. Mais l'avènement du chemin de fer tua le canal et il fut remblayé par les matériaux excavés du tunnel ferroviaire. Aujourd'hui, une toute petite portion a été rétablie, avec des murs de l'époque, et l'on peut se rendre compte que seules de petites barques pouvaient l'emprunter. Des panneaux en rappellent l'histoire.

Au bout du canal, le bruit de la cimenterie d'Eclépens se fait entendre. Nous l'évitons et grimpons alors en direction du Mormont, haut sommet de 604 m et dont la crête fait office de partage des eaux. Pas incommodé par le bruit et les nombreux promeneurs, une trentaine de chamois paissent tranquillement non loin du chemin. Nous renonçons au sommet, car il se trouve en pleine forêt et ne présente aucune vue. C'est alors que nous entendons le son d'une corne qui nous avertit qu'un coup de mine va avoir lieu. L'explosion retentit et le sol tremble jusque sous nos pieds.

Pendant que nous commençons à descendre, la fin de l'alarme est sonnée. Nous arrivons à la Birette et surplombons tout d'un coup les carrières d'Eclépens. Celles-ci sont peu visibles depuis la plaine, mais là, c'est une fosse béante, immense, à plusieurs niveaux qui s'offre à nos yeux. Nous restons baba devant ce spectacle surprenant. Il y a vraiment de quoi se faire du souci avec l'extension prévue.

Sur le chemin qui mène à La Sarraz, nous apercevons le Mont-Blanc et nos villages vaudois de Pompaples, Orny, Bavois. Au loin, c'est la boucle de la Venoge, qui nous rappelle « qu'en passant par la Sarraz, elle a vu qu'un rien de plus elle était sur le versant nord et, quand elle a vu l'Orbe sa sœur filer tout droit par Yverdon vers Olten, elle a dit, pardon, le nord c'est un peu froid pour moi, j'aime mieux mon soleil vaudois ».

Jolie balade où nous avons côtoyé nature, histoire, archéologie, campagne et industrie.

François