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Week-end à Moiry

Randonnée à ski et nuit à la cabane de Moiry

Samedi 27 et dimanche 28 février 2021

Récit de Simon Lepêtre et Yves  Potterat

Après nos multiples rendez-vous matinaux, nous arrivons vers 0830 à Zinal. On s'équipe, on finalise les sacs, la grande question étant pour moi : faut-il prendre le sac de couchage ? Je sonde et m'en remets à la majorité qui le prend.

Après une cabine, une petite descente et un tire-fesses, nous peautons et montons sur l'arête de Sorebois. En plein soleil, il fait chaud et je transpire à grosses gouttes. 150 m plus haut, nous apercevons le barrage de Moiry. Le niveau du lac gelé est bas.

Sur notre gauche une échelle nous invite à tutoyer le ciel d'un peu plus près. Nous la laissons derrière nous en glissant vers le sud en direction de la 'cabane '.

 Nous traversons un passage dégarni, gelé et raide qui me donne me donne des sueurs froides. Aline et Johanna m'assurent le passage le plus dangereux de toute leur expérience. En me doublant par la gauche, Benjamin m'invite à le suivre. Le reste de la descente est un doux soulagement.

Une courte pause au Lac de Châteaupré et nous attaquons les 500 m de dénivelé restant équipés de baudriers, crevasses obligent. Sur notre droite, des chutes de pierres se font entendre. Par prudence, nous nous espaçons. Le refuge et les séracs luisants se précisent. Le dernier bout de pente puise le peu de ressources qu'il me reste. Immortalisée par une photo de Serge, l'arrivée est une délivrance des plus savoureuses.

Telle une serre, l'accueillant réfectoire est bouillant. Pour ne rien arranger, nous y faisons du feu pour faire fondre de la neige dans des casseroles. Aline et Véronique goûtent aux plaisirs de la sieste et des massages, faisant quelques jaloux au passage. La préparation de l'eau potable et du risotto est une œuvre collective qui nécessite patience et ingéniosité. Le résultat n'en est que plus délicieux. D'autant plus qu'il se fait attendre en compagnie d'un dépaysant Ricard apporté par Cécile et Benjamin.

Sans électricité et sans soleil, l'obscurité nous gagne et les frontales sont pendues au plafond. Après avoir graissé mes cloques, réglé mes crampons avec l'aide de Yves et m'être brossé les dents sous les étoiles, je cherche le sommeil hors de mon sac de couchage, qui est bien trop chaud pour l'occasion. À l'extérieur, la pleine lune illumine les pentes enneigées qui nous entourent.

Au petit matin, elle s'éclipse majestueusement derrière le Clocher de la Couronne. Les teintes vont du blanc au blanc en passant par le rose et l'or. Nous mettons les couteaux et partons rejoindre le Col du Pigne 300 m plus haut. Là, je me pose et me repose en écrivant ces lignes pendant que le groupe grimpe par l'arrête en direction du Pigne de la Lé, 3395 m.

Vers 1130, les cordées quittent mon champ de vision, je suis seul dans cette immensité où règne un calme absolue. Aucun nuage, pas de vent, pas d'avion, une lumière puissante et le jeu des ombres et des reflets qui suit le cours du soleil. Le silence est brièvement interrompu par de petits cris de joie, au passage de deux oiseaux noirs et à l'arrivée d'un skieur isolé au bas d'une pente poudreuse.

Yves prend le relai pour narrer l'ascension de l'arête

Elle est belle cette arête, et les conditions sont bonnes. Pas de vent, la neige légèrement givrée en surface, le rocher est sec. Nous progressons au fil de passages de neige et de roche stables. Nous atteignons le sommet et nous nous régalons de la vue ainsi que de fromage et de saussisson.

Mais nous ne nous attardons pas, Simon nous attend au col. La redescente se fera par la voie de montée normale, malgré quelques hésitations pour un itinéraire plus engagé. Après une courte glisse, nous repeautons et gravissons les 150m pour rejoindre Simon.

Je reprends le relai pour la fin du récit (Simon).

Le groupe est de retour vers 1300 pour la descente finale de 1'500 m. Après un passage exposé, assuré par notre chef de course Frédéric, la pente s'adoucit et s'élargit progressivement. Nous traversons le plateau au Nord-Est de la cabane du Petit Mountet, avec des textures de neige variant de la neige lourde au carton. Puis vient l'amusante descente d'un ruisseau parsemés de petits arbres et enfin le chemin verglacé et entrecoupé d'avalanches qui nous conduit à Zinal.

Au parking, nous posons nos encombrantes affaires sur le sol et partageons sans fard les restes de fromage, de pain et de vin à même le bitume. Un moment d'authenticité que nous prolongeons pour le plaisir. Pendant deux jours, nous avons vibrés ensemble, accordant notre rythme au groupe et aux exigences de la montagne. À présent, cette belle aventure raisonne en chacun de nous.

Simon Lepêtre